L'an dernier Sandrine Aubert se voyait encore comme "une petite abeille tournant autour des reines Lindsey Vonn et Maria Riesch", mais en quelques mois la slalomeuse française a pris du galon dans la ruche pour s'afficher elle aussi comme prétendante au podium olympique.
En mars dernier, à Ofterschwang en Allemagne, la skieuse des Deux-Alpes se surprend elle-même en parvenant à trouver non seulement pour la première fois le chemin du podium, mais à se hisser tout en haut. Coup de chance ? Sandrine Aubert prouve que non avec un deuxième succès d'affilée sept jours plus tard, lors des finales à Are en Suède.
Quand elle revient cette saison, les ambitions ont changé: "Avec du recul, j'ai compris que je valais autant que ces filles-là, elle ont juste l'expérience en plus".
Les faits lui donnent raison. Avec ses deux victoires et un troisième podium cet hiver, elle s'est offert le luxe de chiper le temps d'une course le maillot rouge de leader de la spécialité à Maria Riesch, la championne du monde allemande, et reste en course pour le petit globe du slalom.
"Depuis que j'ai dix ans, je rêve d'être championne olympique", raconte cette fille demoniteurs qui a grandi au pied des pistes et s'est forcée à faire un DUT de technico-commercial pour satisfaire ses parents au risque de retarder son éclosion sur le circuit.
Quand son baromêtre de confiance est au beau fixe, la demoiselle avale les piquets dans une fluide valse à mille temps. Sa façon de virer court et de mettre de l'angle au niveau des genoux n'est pas sans rappeler le style de Jean-Baptiste Grange, autre as du slalom.
Mais le doute peut vite ronger cette jeune femme facilement sensible aux perturbations extérieures. Aux Mondiaux de Val d'Isère, alors que toutes ses coéquipières se disaient portées par l'enthousiasme de la foule, Sandrine Aubert lâcha à la caméra entre les deux manches: "Tous ces gens qui crient cela me stresse! "
Un être à part, Sandrine Aubert l'est assurément dans l'équipe de France.
La douce rebelle, qui manque parfois d'air dans la structure fédérale, a choisi de zapper le stage traditionnel de préparation à la saison en Argentine pour mettre au point durant l'été sa structure privée, en compagnie de son coach et compagnon Samuel Tissot.
La skieuse de La Plagne vit d’ailleurs la plupart du temps en marge de l’équipe de France et suit le programme qu’elle a choisie. Elle est d’ailleurs arrivé à Vancouver seule avec son compagnon. Elle explique aussi son choix par une trop grande différence de générations entre elle et « les jeunes pousses » de l’ équipe de France.
« Les centres d’intérêt entre nous ne sont pas du tout les mêmes » se justifie Sandrine Aubert.
"C'est exactement ce qu'il me fallait pour pouvoir prendre un peu plus ma place. Un système fédéral apporte beaucoup à un athlète, mais il peut aussi
l'étouffer, souligne la demoiselle. J'avais besoin de voir autre chose pour ne
plus réagir toujours comme une petite Française."
Des choix qui ont le méritent d’être clairs mais on peut parier que certains ne manqueront pas de lui faire des reproches en cas d’échec à Vancouver.
La meilleure des réponses, Sandrine Aubert l’apportera une fois encore sur les pistes de Whistler. (avec AFP)
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