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Une saison historique portée par l’unité
C’est une saison qui restera gravée dans les annales du ski alpin mondal pour cette équipe suisse de vitesse, tout simplement magistrale en Coupe du monde, enchaînant 27 podiums en descente et super-G, dont dix victoires, cinq doublés et deux triplés.
Derrière ces chiffres impressionnants, cinq noms ressortent : Marco Odermatt, Franjo von Allmen, Alexis Monney, Stefan Rogentin et Justin Murisier. Ensemble, ils ont non seulement dominé les pistes, mais aussi réécrit l’histoire du ski suisse.
Un exploit collectif qui va bien au-delà des chronos et des médailles, réalisé malgré les absences de Gino Caviezel, Arnaud Boisset et Niels Hintermann, touchés par des blessures ou maladies.
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Une alchimie entre succès et esprit d’équipe
Qu’est-ce qui fait la force de cette équipe ? Pour Reto Nydegger, entraîneur du groupe de vitesse, la réponse est claire : « Le succès et l’équipe sont indissociables. »
Une dynamique vertueuse où chaque victoire renforce la cohésion, et où la solidarité pousse chacun à se dépasser. Cette saison, l’équipe suisse a prouvé que le ski, bien qu’individuel sur la piste, est avant tout une aventure collective.
Le succès suisse ne date pas d’aujourd’hui. Depuis des décennies, des champions comme Bernard Russi, Roland Collombin, Franz Heinzer, Bruno Kernen, Didier Cuche, Didier Défago, Beat Feuz et désormais Marco Odermatt transmettent un héritage de vitesse et de puissance.
Et déjà une nouvelle génération émerge, incarnée par Franjo von Allmen et Alexis Monney.
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Beat Feuz, témoin d’une évolution
Beat Feuz, légende de la discipline, observe cette équipe avec un mélange d’admiration et de nostalgie. Lui qui a connu des années plus solitaires en haut des podiums savoure la camaraderie actuelle.
« C’est plus facile de célébrer une victoire quand on est plusieurs », confie-t-il.
À l’époque, les individualités dominaient : des champions comme Cuche ou Défago, souvent pères de famille, évoluaient dans un univers plus distant. Aujourd’hui, l’équipe d’Odermatt respire la proximité et la spontanéité.
Preuve en est, cet épisode cocasse aux Mondiaux : après leurs triomphes, tous les skieurs se sont rasé la tête. Pourquoi ? Personne ne le sait vraiment. Peut-être juste pour le plaisir de partager un moment d’euphorie. Ensemble.
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Grandir à l’ombre d’un champion
L’un des secrets de cette réussite réside dans l’équilibre trouvé au sein de l’équipe. Marco Odermatt, leader incontesté, a porté les attentes du public, permettant à Von Allmen et Monney de mûrir à leur rythme.
Von Allmen, instinctif, a tout de suite brillé en Coupe du monde. Monney, lui, a pris son temps, passant d’un style fougueux à une maîtrise redoutable. « Sans Odi, on aurait attendu ça de lui beaucoup plus tôt », analyse Feuz, qui sait de quoi il parle. Lui-même a grandi dans l’ombre de Cuche, sans pression écrasante.
Cet environnement a aussi profité à des skieurs comme Stefan Rogentin et Justin Murisier, qui ont pu s’épanouir sans être constamment sous les projecteurs. « Un bon descendeur doit mûrir », insiste Feuz, soulignant l’importance de la patience dans un sport où chaque virage peut tout changer.
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Une relève bien préparée
Cette réussite ne repose pas seulement sur les athlètes, mais sur un système rodé. Depuis 2008, Franz Heinzer, ancien descendeur et coach, façonne la relève en Coupe d’Europe.
Avec Reto Nydegger et Vitus Lüönd, il assure une transition fluide entre les niveaux, de la base au sommet. « Il faut deux ans pour vraiment connaître un athlète », explique Lüönd, qui mise sur la compréhension mutuelle pour bâtir la confiance.
Les entraîneurs, y compris des francophones, désormais plus nombreux, veillent à ce que chaque skieur se sente écouté, sur le plan sportif comme humain.
Ce travail d’équipe s’étend jusqu’aux camps d’entraînement, où cadres A, B et relève se retrouvent pour partager leurs expériences.
Un conseil de Heinzer, comme celui de freiner l’ardeur de Von Allmen pour éviter les risques inutiles, peut faire la différence. Cette culture de l’échange, alliée à des structures stables mais flexibles, permet à chaque athlète de progresser à son rythme.
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Un exploit humain avant tout
Ce que l’équipe suisse a accompli cette saison va bien au-delà des médailles et des records. C’est une histoire de solidarité, de rires partagés, de crânes rasés pour le fun.
C’est l’histoire d’une équipe qui gagne ensemble, célèbre ensemble, et grandit ensemble. Dans un sport où chaque centième de seconde compte, les Suisses rappellent que la vraie force se trouve dans le « nous ».
Et avec des talents comme Odermatt, Von Allmen et Monney, soutenus par un système solide, l’avenir s’annonce tout aussi prometteur.
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