Avec quatre victoires et deux autres podiums en sept concours, Morgenstern, 24 ans, plane à nouveau sur le circuit mondial.


"J'ai retrouvé le plaisir de sauter à skis", explique le triple champion olympique, qui a passé les deux dernières saisons dans l'ombre de son compatriote Gregor Schlierenzauer et du Suisse Simon Ammann.

Même s'il a été champion du monde en 2009 et champion olympique en 2010 avec l'invincible équipe d'Autriche, Morgenstern a été rattrapé par un syndrome courant dans le monde implacable, exigeant physiquement et mentalement, du saut à skis: celui qui transforme les aigles d'un hiver en canari inoffensif la saison suivante.


L'élément déclencheur de ce "crash" n'a pas été un changement de réglementation, de matériel ou même une chute, mais l'émergence de Schlierenzauer, un prodige sympa, N.1 mondial en 2009, qui fait depuis chavirer le coeur des midinettes et la tête des annonceurs.


"J'étais le personnage central et puis j'ai eu du mal à me faire à l'idée qu'il était là", a admis récemment Morgenstern.

Et ce n'est pas un hasard si son retour au premier plan coïncide avec les premières turbulences rencontrées par Schlierenzauer qui, avant même de se blesser à l'entraînement mi-décembre, n'était pas dans le coup cet hiver.

 

La Tournée débutera d’ailleurs sans « Schlieri » qui devrait manquer au moins les deux premières étapes allemandes à Oberstdorf puis à Garmisch.


Morgenstern n'est pas le seul Autrichien à viser la victoire dans la 59e édition de la prestigieuse tournée germano-autrichienne: Andreas Kofler est le tenant du titre et le seul à l'avoir contrarié en stoppant sa série de quatre victoires de suite à Engelberg (Suisse). Il sera probablement le principal rival de son coéquipier durant ces 10 prochains jours. Les aigles autrichiens pourront encore compter sur Loitzl, Fettner et Koch.

 

AmmannLes hauts et les bas d'une carrière de sauteur à skis, Amman les avait déjà expérimentés après son doublé olympique de 2002. Mais "Simi" ne pensait sans doute pas repartir de si bas après sa fantastique saison 2009-10 auréolée de deux titres olympiques et du globe de cristal.


"Je ne suis pas encore à 100%, il faut être patient", a prévenu le Suisse, 6e, 9e puis 12e sur "son" tremplin d'Engelberg.

 

Mais attention car le Suisse fait de la Tournée son principal objectif de l’hiver car cette prestigieuse compétition manque à son palmarès et il rêve de l’emporter avant de prendre une possible retraite en mars prochain, ou en 2014. Pour l’heure Ammann n’a pas encore arrêté son choix.

 

La "Tournée" sourit souvent aux outsiders: Janne Ahonen n'en n'est pas un à proprement parler, puisqu'il est le détenteur du record des victoires avec cinq sacres. Mais le Finlandais de 33 ans pointe à une très modeste 35e place au classement mondial et semble avoir perdu sa légendaire légèreté, à moins que l'air vif d'Oberstdorf lui redonne des ailes.

 

On lui préfera en équipe de Finlande ses deux coéquipiers Matti Hautamaeki et Ville Larinto, respectivement 3e et 4e du classement général de la coupe du monde devançant un Adam Malysz également en quête d’un nouveau trophée.

 

Le magicien polonais ne devrait pas être loin de son meilleur niveau, ce type d’évenement lui apportant la dose supplémentaire de motivation.

 

Coté norvégien, tout le monde lorgne vers les mondiaux d’Oslo mais pas question de négliger la Tournée. Evensen, Jacobsen, Bardal et Hilde sont prêts à jouer les troubles-fêtes et ramasser les miettes laisser par les autrichiens .

 

Daiki Ito, le meilleur japonais, possède lui aussi les qualités pour briller. Sans pression, il sera un parfait outsider.

 

La pression qui sera encore très forte sur les sauteurs allemands attendus comme chaque année par tout un peuple. Là-bas on vit durant dix jours à l’heure de la Tournée avec des retransmissions chaque jour ou presque en direct sur les chaines nationales.

 

L’Allemagne attend depuis longtemps un successeur au phénoménal Sven Hannawald qui dominait cette épreuve il y a une dizaine d’années mais il lui faudra encore patienter avant de trouver « l’oiseau rare ».

 

Terminons avec l’équipe de France qui sera représentée par Emmanuel Chedal et Vincent Descombes-Sevoie. Après une première partie de saison difficile et inférieure aux attentes, le duo visera dans un premier temps une qualification pour les quatre concours au programme.  (avec AFP)

 

Photos : Nordic Focus