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Les cloches ont à nouveau résonné sur La Transju
Celles portées autour du cou du Français Thomas Joly et de la Finlandaise Kati Roivas, vainqueurs du 50 km classique, la grosse épreuve du jour. Celles accrochées au ravitaillement de Chapelle-des-Bois, fidèles depuis tant d’années pour saluer les concurrents.
Le coup de feu tiré samedi à 9 heures, aux Rousses, au départ de la première course, a mis fin à deux longues années d’attente.
Pour fêter ces retrouvailles entre la grande famille du ski de fond et la course la plus populaire en France, la météo était elle aussi au rendez-vous. Grand ciel bleu, soleil et neige parfaite.
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Thomas Joly : « Gagner La Transju’ c’est comme gagner les Jeux olympiques »
Sur la ligne d’arrivée posée au pied du tremplin de Chaux-Neuve où se disputent régulièrement des épreuves de Coupe du monde combiné nordique, Thomas Joly a savouré l’instant.
De longues secondes, il a agité sa cloche, crié sa joie. A 23 ans, le Jurassien du Team Nordic Experience a remporté sans doute sa plus belle victoire, acquise dans un sprint à trois avec ses coéquipiers Antoine Auger, vainqueur des deux dernières éditions en 2018 et 2019 et Théo Deswazière.
« Gagner La Transju’, pour un Jurassien, c’est comme gagner les Jeux olympiques, lâche le vainqueur du jour, membre du ski club de Pontarlier.
C’est l’objectif d’une vie pour quelqu’un né dans cette région. J’avais participé une première fois en 2019 et j’avais terminé deuxième. Je m’étais dit que je reviendrai et que c’était peut-être possible de gagner.
Cela faisait 15 jours que je ne pensais plus qu’à ça. Ce fut une course par à-coups, très rapide où il était difficile de partir. On s’est fait mal sur la fin et il a fallu être solide mentalement. En plus on fait 1, 2 et 3 avec l’équipe. Je suis incroyablement heureux. »
A quelques mètres de lui, Antoine Auger, 2e, est réconforté par ses proches.
« J’ai fait un début de saison très compliqué, confie-t-il pour expliquer sa forte émotion. Je suis très content de cette course même si c’est un mélange de joie mais aussi de frustration.
Je suis à seulement cinq mètres d’avoir une troisième cloche. Mais aujourd’hui, j’avais un coéquipier très fort. Je lui tire mon chapeau car il le mérite. C’est un copain, je suis très content pour lui. »
Ce dimanche, Antoine Auger prendra le départ de La Transjurassienne longue de 63 km mais cette fois en skating. « Pour le plaisir, précise-t-il. Un petit top 30 serait déjà bien. La Vasaloppet (6 mars) est vraiment la course que je vise maintenant.
Je resterai ensuite en Suède où j’aimerais remporter la course la plus longue et la plus dure du monde, la Nordenskiöldsloppet, qui fait 220 km (26 mars). »
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Kati Roivas loin devant dans la course féminine
La grande favorite finlandaise Kati Roivas, 27 ans, a vite anéanti le moindre suspense. Elle aussi membre du Team Nordic Experience, a rapidement pris les devants pour aller remporter l’épreuve pour la première fois devant la Suissesse Solène Faivre et la Française Jennifer Lambert.
« Je suis forcément très contente, confie la Finlandaise déjà victorieuse d’une course de 30 km en Italie en janvier (Curon-Venosta). Le départ a été un peu difficile mais dès que les premières montées sont arrivées, ça allait mieux et je suis partie devant.
J’ai pu me mettre dans des groupes de garçons et c’était bien. C’est une très belle course avec quelques jolies montées comme j’aime. Maintenant, j’aimerais rentrer à nouveau dans des Top 10 du circuit Visma Ski Classics. C’était important pour l’équipe de gagner et je suis donc très contente pour le team. »
Deuxième, la Suissesse Solène Faivre affichait aussi sa satisfaction.
« Je savais bien qu’avec Kati dans la course ce serait compliqué de gagner, explique-t-elle. Le but était de m’accrocher le plus longtemps possible sur le plat mais à la montée elle est partie. Je suis contente car j’avais de bonnes sensations. »
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Nombreux prétendants à la victoire ce dimanche dans La Transjurassienne
Dimanche, place au skating avec en plat principal La Transjurassienne, la course phare du week-end. Ils seront près de 1 800 à s’élancer de la Combe des Lacs, à Lamoura, direction Chaux-Neuve.
Une aventure d’un peu moins de 70 km et de 1 000 m de dénivelé positif à travers les superbes Montagnes du Jura. En tête de course, Jean-Marc Gaillard se présentera comme l’un des principaux candidats à la victoire.
Non sélectionné pour les Jeux olympiques de Pékin, Gaillard, 41 ans, membre de l’équipe de France depuis de très nombreuses années, a décidé d’entamer sa bascule sur les longues distances.
La Transju’ était une occasion rêvée pour le nouveau « régional de l’étape ». « Je suis désormais installé à Prémanon, précise le Français. Je me rends compte de tout l’engouement que suscite la course. »
Deuxième en 2017 derrière Robin Duvillard, il prendra le départ avec de réelles ambitions. « Quand on a déjà fini deuxième, l’objectif est forcément évident, sourit Gaillard. J’ai vraiment envie de bien faire. Avoir La Transjurassienne à son palmarès ce n’est pas rien.
Il ne me reste pas 36 occasions de le faire. Les dernières semaines ont été difficiles. J’ai chopé le Covid et j’ai mis du temps à m’en remettre. Je suis allé sur la Marcialonga (Italie, 70 km classique) fin janvier mais c’était un test sans grandes ambitions (64e).
Je me rends compte aussi que vu le niveau sur le circuit on ne peut pas arriver sans vraie préparation, surtout en classique. »
Sur un parcours aussi long et avec un plateau aussi dense, difficile d’imaginer un scénario à l’avance.
« Il y a forcément des secteurs stratégiques, analyse le double médaillé de bronze olympique en relais. Avant d’arriver aux Rousses, il y a déjà quelques montées assez solides. Et puis il y a bien évidemment les montées du Risoux et de la Célestine.
Plus les kilomètres s’accumulent, plus ça devient difficile. Mais il faut aussi rester vigilant en permanence et dès le début car ça se joue parfois dans des parties intermédiaires où ça peut partir. Il ne faut pas se faire avoir. »
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Ils seront plusieurs à vouloir priver Gaillard de son premier succès sur l’épreuve.
Le tenant du titre, Gérard Agnellet, deuxième en 2019 et 2018, Ivan Perrillat Boiteux, vainqueur en 2018, Emilien Louvrier, très en forme cet hiver, Damien Tarantola, vainqueur du circuit FIS Worldloppet 2019, Thomas Chambellant, lauréat de Toblach-Cortina en janvier, Bastien Poirrier ou encore le Suisse Arnaud du Pasquier joueront également en tête de course.
Dans la course féminine, Céline Choppard-Lallier, victorieuse de Toblach-Cortina, peut espérer succéder à sa compatriote Anouk Faivre-Picon. Elle devra surveiller principalement Océane Bepoix, Emilie Bulle ou encore Enora Latuillière.
Derrière, parfois même très loin derrière, ou dans les autres courses du jour (50 km, 25 km et 20 km expérience), toutes en skating, le chronomètre et le classement seront souvent moins importants.
Du plaisir avant tout. Celui de retrouver ces pistes, de skier au cœur de ces paysages du massif du Jura, la forêt du Massacre, la montée du Risoux et tant d’autres.
Celui aussi de traverser tous ces villages, de se sentir supporté, et souvent même porté, de se faufiler au milieu d’un corridor humain dans la fameuse montée de l’Opticien des Rousses.
Et plus que tout, celui d’entendre à nouveau résonner les cloches de La Transju’.
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