Astrid , nous t’avons vu pour la première fois en coupe du monde en décembre à Davos en raison de ton opération. Tu es passé par des mois difficiles ?

« Oui je me suis blessée au tendon d’Achille droit en avril 2008 puis je me suis fait opérer en juin mais je n’ai pas récupéré aussi bien que prévu. J’ai du prendre en août des antibiotiques pour tuer une infection dans le tendon avant de reprendre l’entrainement. Malheureusement en septembre j’ai eu une inflammation au tendon d’Achille gauche ! Alors j’ai du patienter et je n’ai repris le ski que fin octobre à Val Senales avec 45 minutes de skating par jour. J’ai retrouvé un entrainement normal mi-novembre. Pour le style classique c’était plus douloureux et plus long. »

Tu devais être très impatiente de skier à Davos ?

« A Davos je venais de terminer deux semaines de stage ( à Davos également) et je suis arrivé très fatiguée après des entrainements intensifs basés sur des séances courtes et longues, très intenses. Du coup mon départ a été mauvais avec un résultat terrible. La semaine suivante en Scandinavian Cup la forme était bien meilleure. Alors j’ai eu l’opportunité de participer au Tour de Ski afin de faire du « cardio-training » pour Liberec et les mondiaux. »

Le Tour de Ski arrive juste après et tu débutes avec de bonnes performances sur les premières étapes avant de connaitre des difficultés puis un abandon. Tu étais trop fatiguée ? Tu manquais d’endurance ?

« Le prologue me convenait parfaitement et j’ai obtenu un résultat meilleur que prévu après mes soucis de santé. Mon plus grand problème était mon manque de vitesse et j’étais handicapé pour les sprints. Même chose pour le style classique car je n’avais quasi pas d’entrainement dans cette technique. Ensuite la veille de la dernière étape j’ai eu un empoisonnement alimentaire qui m’a empêché de prendre le départ mais j’ai quitté tout de même le Tour contente avec des efforts « cardio » sur toutes les autres étapes. Le plan était respecté. »

Quinze jours plus tard tu es championne norvégienne du 10km classique en laissant Bjoergen à 30sec, tu sembles avoir retrouvé enfin la grande forme ?

« Oui les efforts fournis au Tour ont payé, j’avais plus d’entrainement en classique derrière moi et mon corps a répondu présent. J’avais l’espérance de faire encore mieux aux mondiaux. »

Après ces championnats on t’attend au top à Liberec, mais finalement rien n’a marché là-bas, pourquoi ?

« Après les championnats nationaux je suis parti à Otepaa mais je suis rentré avant les compétitions en raison d’un mal de gorge. Je ne voulais pas prendre de risques. Je n’ai ensuite pas pu m’entrainer durant une semaine et j’ai encore raté les épreuves de Rybinsk. Alors arrivé à Liberec ma forme n’avait rien de terrible. Avec si peu d’entrainement cette année et une semaine de maladie juste avant, je ne pouvais rien demander à mon corps. »

Après les mondiaux on te voit simplement à Trondheim, tu as décidé qu’il était préférable de stopper ta saison avant la fin ?

« J’ai préféré skier en Coupe de Norvège en raison de ma petite forme, c’était mieux pour ma confiance de skier à ce niveau. Je suis resté dans mon club tout de même dans un environnement sérieux et compétitif. C’était mon choix pour me préparer mentalement du mieux possible pour cette année 2010 qui sera olympique. »

Tu as seulement 22 ans mais ton palmarès est déjà bien garni, les médias de ton pays attendent beaucoup de toi, tu ressens la pression ?

« La plus grosse pression elle vient de moi . Le fond norvégien suscite beaucoup d’interêt dans les journaux mais je me réjouis de cela. Tout cela est nécessaire au fond national et c’est grâce à notre exposition que l’on trouve des sponsors. Les médias attendent toujours beaucoup mais en 2009 ils avaient compris que je ne pouvais pas faire plus. Je dois même dire honnêtement que la plupart d’entre eux était malheureux pour moi . C’est vrai aussi que de temps en temps je ne veux pas avoir de contact avec eux, alors tout simplement j’éteins mon téléphone. »

En Norvège, vous avez la chance d’avoir de nombreuses fondeuses de très haut-niveau avec Steira, Bjoergen, Johaug, Kristoffersen, Östberg et toi. Vous êtes toutes capables de gagner mais comment est l’ambiance entre vous ?

« Nous venons juste d’effectuer notre premier stage et l’ambiance est toujours positive et agressive. Nous sommes toutes fixés sur notre progression et le but d’atteindre notre meilleur niveau. Pour cela nous sommes dépendantes les unes des autres on se pousse pour réussir ensemble. Nous avons toutes des qualités différentes alors chaque session d’entrainement sourit plutôt à l’une ou plutôt à l’autre. C’est vraiment un avantage pour une forte équipe comme nous mais on doit faire attention a rester bonnes amies et prendre du plaisir ensemble. Alors à chaque camp d’entrainement on invente quelque chose pour souder notre esprit d’équipe. »

Maintenant tu regardes vers Vancouver et les JO , tu as été sur place il y a quelques semaines, que penses tu de ce site ?

« Les pistes sont difficiles et variées et demanderont beaucoup de changement techniques durant les compétitions. Je suis très confiante car ce type de courses me plaira avec de longues montées, des virages en descentes très techniques et entre les deux des portions planes. Les gagnants seront des skieurs complets. »

Et la coupe du monde ? On se souvient qu’en 2008 tu étais seconde derrière Kuitunen ?

« Non ce ne sera pas ma priorité l’an prochain,Les grands championnats ont toujours été plus importants pour moi. Je skierai en coupe du monde uniquement dans le but de parfaire ma forme pour les JO . »

En dehors du ski, tu es aussi une brillante étudiante en médecine, est ce que tu trouves assez de temps pour étudier ? Tu souhaiterais devenir docteur ?

« Oui je suis encore à l’école pour de nombreuses années, c’est un programme long et difficile que d’étudier le corps humain et son fonctionnement, ainsi que toutes les pathologies. C’est très enrichissant et on oublie le temps passé. J’aimerais devenir docteur lorsque je cesserais le ski mais je ne sais pas encore quelle sera ma spécialité. »

Astrid, je crois que tu parles un petit peu français, que pourrais tu dire aux lecteurs de www.ski-nordique.net  ?

« Mon français n’est vraiment pas bon, je dirais tout simplement : «  A Bientôt ! » 

The interview in English :

We see you in World Cup for the first time in Davos, you start season only in December cause of your operation. Before you experienced difficult monthes morally ?  

“Yes, the injury in my right Achilles came in April. I had surgery in the middle of June, but the recovery wasn’t as smooth as predicted. After antibiotics in August, to kill an infection in the woond, I started training properly again. But in September I got inflammation in the left Achilles in November. So I started training when I could ski on snow again (Late October in Val Senales, Italy). Started with only 45min skating per day.  I was in normal training from the middle of  November. Classical skiing was painful quite long..”

You was certainly wait this moment for long time ?

“In Davos I came directly from 2 weeks training in altitude in the same place. I was really tired after a lot of training and small amounts of tempo and high speed. So the results in Davos was quite bad, but it was a start… The next weekend I raced the COC in Norway, and performed quite good. So I got the opportunity to race the Tour to get some cardiac training, and the hopes for reaching the WCH in Liberec.”

Tour de Ski come just after Davos, you start with good performances on the first stages but after it’s more difficult and you did not finished , you was too tired for that ?

“The prologue suited med well, but the result was better than expected considering the troubles I’d had all summer and fall. My biggest trouble was the lack of speed training, resulting in bad sprints, and very little classical training…. The evening before the last stage I got ill with food-poisonning, so I had no chance to start the next morning… But I had gotten the cardiac effect of the other stages, which was the point of me competing there at all, so it was not my biggest loss.”

Fifteen days later, you are norvegian champion of 10km classical after a very good race, Bjoergen is 30sec behind you. You seems to have recover top form ?

“I had gotten the desired effect of the Tour and trained very intensive on my classical techniques. That weekend I finally felt my body cooperating, and the hope for reaching my top form in Liberec got bigger.”

After Norvegian championship, we think that you are able to make very good world championship in Liberec but finally nothing works there , why ? 

“The next weekend I went for Otepäa, but left home again before the competitions started. My throat was sore and I didn’t want to take any chances. I most likely got infected at the nationals… So i was out of training for over a week, and didn’t get to travel too Russia either. So when I got to Liberec my shape wasn’t very good anymore. With so limited training all year, one week of illness was more than my body could handle.”

After world champs we just see you in Trondheim, you decided that it’s better for you to stop this season or it’s your trainer who decided that ?

“I decided to race Norwegian Cup instead. My shape was not very good, and i felt it was better for my confidence and development to race at a lower level. So I could travel with my local team, with a little less competitive and serious environment. It was fully my decision – to be mentally prepared for a new training season and then the olympics…”

You have only 22 years and already a great palmares (prize-list), certainly Norvegian medias are always waiting a lot from you. Do you feel this pressure ? 

“The biggest pressure comes from myself. Norwegian cross country gets a lot of attention in the media, but I’m mostly greatful for that. It’s the foundation for the sponsoring necessary for running the national team. The media does off course expect a lot, but this season they understood the troubles I had and the consequences that might come. I honestly think most of them felt bad for me and wished me the best recovery ad results. But off course, sometimes I didn’t want any contact with the media – then I just turned my phone off…”

In Norway, you have the chance to have a lot of girls who have big possibilities with Steira, Bjoergen, Johaug, Kristoffersen, Oestberg and you. All of you could win world cup races but how is the atmosphere between you ?

“We have just started a new training season, with a camp in Oslo.  The spirit in the team is positive and aggressive at the same time. We all have the focus on development and reaching our personal best level. To get there we are dependent on cooperating and pushing eachother. We all have different qualities, so the one staying in front is different in every training session. That’s a big advance for a strong team like ours.  But for it to work  we need to stay good friends and have fun together. So every camp we do something playful together to increase the team spirit.”

Now you are loooking for Olympic Games in Vancouver, i guess that you went in Whistler, what do you think about this land, the slopes ? Do you think it’s profile for you ?

“The slopes are tuff and variable. The terrain is varied, so there will be a lot of technique-changes in the competition. I’m quite confident that you have to govern all the different ski techniques well to win the gold medals, with long climbs, steep and curvy down-hills and flat terrain in between. The winner will be the most complete skier!!”

What about world cup 2010 ? in 2008 you finish second after Kuitunen, do you hope to win overall ranking next year or later ?

“The WC will not be my priority next year. Championships has always been very important for me. I’ll race the WC’s that will increase my chances to win in Whistler.”

You are also a brilliant medicine student, do you still study ? , do you have the time for that ? You would like to work in medicine after your ski career ?

“I’m still in school, and for many more years. It’s a long and tuff program, but to study the human body and it’s process, development and pathology is so interesting that it’s worth all the time invested. I’ll hopefully be a doctor after finishing skiing, but I don’t know what speciality I’ll take.”

Astrid, i think that you speak a little french, what can you say for french lectors of www.ski-nordique.net  ?

My french is really rusty !!  A bientôt J