Nicolas, félicitations pour ton week-end à Stams ! Une 15ème et une 4ème place, ce sont les meilleurs résultats de ta carrière en COC ?

"Oui, c'est sûr, très satisfaisant. Je suis très content de ce début d'été, de ces premières compétitions. C'est encourageant pour la suite et il y a plus qu'à continuer comme ça."

Il y a eu un nombre record de disqualifications pendant les deux compétitions.  Qu'en penses-tu ? Une explication à ce phénomène ?

"Des explications, oui , parce que d'une part, ils ont changé la règle donc c'est sûr qu'il y avait beaucoup de travail. Deuxièmement, c'était la première compétition internationale de l'été donc on a eu droit au contrôleur FIS de Coupe du Monde, Sepp Gratzer. On avait aussi le contrôleur FIS qui est habituellement en Coupe Continentale, on a eu également affaire à Horst Tielmann, le contrôleur FIS de la coupe du monde féminine de saut, à Chika Yoshida, et il y avait aussi Walter Hofer. Donc vraiment tous les grands dirigeants de la Fédération Internationale de Ski qui étaient là. Ils voulaient voir comment on allait réagir ou comment une compétition allait se dérouler avec ces nouvelles règles. Je pense qu'ils ont vraiment voulu être intransigeants sur les excès, sur les combinaisons un peu plus grandes etc... Ils ont vraiment voulu jouer le jeu sur les règles et faire très attention à chaque athlète et je pense que c'est ce qui a fait qu'il y avait beaucoup de disqualifiés. Et, encore une autre chose, ils ont contrôlé énormément de monde. Habituellement, il y en a moins qui passent au contrôle."

Du coup, comment envisages-tu l'avenir avec ces nouvelles obligations ?  

"Lors du premier concours le samedi, je devais aller au contrôle et finalement je n'y suis pas allé parce qu'il y avait vraiment beaucoup trop de monde et la file d'attente m'aurait fait louper la seconde manche. Par chance , j'ai pu échapper à ça. Pendant ce premier concours, j'ai vu à quel point les contrôleurs étaient exigeants et stricts. Donc on a essayé, après, de regarder tout le matériel de toute l'équipe, on y a passé du temps et on a essayé de vraiment jouer le jeu pour le lendemain. Malheureusement, ça ne l'a pas fait pour Ronan et pour Vincent, il manquait encore quelques centimètres et ils ont été vraiment très durs avec ça.

Le contrôle va être une partie très importante dans notre discipline où vraiment il va falloir jouer le jeu, être professionnel sur chaque règle qui existe et il y en a vraiment beaucoup. Il va falloir faire attention à tout son matériel et je pense que ça va être très équitable. Le but du jeu de ces combinaisons c'est quand même que chaque athlète et chaque nation soient vraiment mis sur un pied d'égalité pour qu'il n'y ait aucune tolérance, aucune marge et qu'on puisse tous avoir vraiment le même matériel."

02.12.2011, Lillehammer, Norway (NOR): Nicolas Mayer (FRA), Fischer - FIS preseason photoshooting, Lillehammer (NOR). www.nordicfocus.com. © Laiho/NordicFocus. Every downloaded picture is fee-liable.

Juste avant Stams , tu étais à l'entraînement, comment cela s'est-il passé ? Où a-t-il eu lieu ? Avec qui t'es-tu entraîné ? Sur quoi avez-vous principalement travaillé avec les autres français ? 

"Au niveau de l'entraînement, on l'a commencé tous ensemble avec Emmanuel Chedal, Vincent Descombes-Sevoie, Ronan Lamy-Chappuis, moi-même, Alexandre Mabboux, David Viry, Benjamin Raffort et David Lazzaroni. 

On a attaqué les premiers entraînements en sautant avec des skis beaucoup plus courts qu'à notre habitude pour vraiment travailler, pour réduire la surface de portance, perdre en facilité et vraiment se servir des skis comme de gros outils, comme des ailes pour un avion. Pour moi-même, je sautais avec des skis de 2m20 alors qu'habituellement et en compétition j'ai droit à 2m46 donc 26cm de moins. 

De plus, on n'a pas mis les combinaisons de saut tout de suite. On a fait les 100 premiers sauts  avec des combinaisons de ski alpin pour réduire la portance. les combinaisons de saut ont la particularité que ça porte un petit peu, il y a de la mousse, ça fait passer 40/L d'air par cm? alors que sur une combinaison de ski alpin, c'est vraiment très près du corps et il n'y a rien du tout comme portance.  

Donc on a amplifié les difficultés que la FIS a mis en place pour cette année pour les nouvelles règles, on a amplifié tout ça en prenant des moyens un peu plus drastiques. On a fait beaucoup d'entraînement comme ça ce qui a été plutôt bénéfique pour nous parce que peu de nations ont fait ça donc quand on a repris les combinaisons de saut et les skis normaux, tout de suite on a ressentit le changement et ça a été beaucoup plus facile de s'adapter à cette nouvelle règle des petites combinaisons."

Avez-vous déjà commencé à travailler sur les compétitions mixtes ? La France prévoit-elle d'y participer ?

"Oui, on s'y est essayé pendant un stage d'entraînement qu'on a fait à Courchevel juste avant la Coupe Continentale du lundi au mercredi où il y avait aussi les filles. Lundi-mardi, on avait fait des stages d'entraînement banal et le mercredi on avait fait une compétition mixte. On avait essayé pour voir un peu le rendu d'une compétition etc... C'était aussi un peu un jeu. On avait fait deux équipes puisqu'il y avait 4 filles. 

 C'était très sympa, intéressant et là où j'y crois beaucoup c'est qu'on a des chances de réussir, de faire de belles performances avec cette équipe mixte."

Que penses-tu de la forme de l'équipe après cette première confrontation avec les étrangers ? 

Le seul souci qu'on avait c'était qu'on ne s'était pas vraiment mesuré aux autres équipes depuis le début de l'été. Pour ma part, je ne savais pas vraiment quel niveau j'avais ni vraiment le niveau que toute l'équipe avait donc, on sait à peu près, mais on ne sait pas du tout comment les autres vont réagir, comment vont se passer les premières compétitions...

On avait fait un petit test de sélection pour savoir qui partait en Continental Cup à Stams. C'était moi qui avait gagné devant Manu, Vincent et Ronan. La suite, il y avait eu Alexandre, Benjamin Raffort et David Viry. Donc moi j'étais satisfait de cette petite victoire au sein de l'équipe mais c'est vrai que j'avais du mal à imaginer quel niveau on avait.

En arrivant en Autriche, on a fait nos premiers entraînements comme d'habitude et on a vu qu'on avait notre place à jouer parmi les meilleurs. On a plutôt bien réagi quand on a vu que ça pouvait marcher, on a juste continué à faire nos sauts qu'on savait faire, notre travail, notre entraînement... J'étais un petit peu étonné de voir qu'on avait vraiment le niveau si vite, si rapidement et en même temps j'étais vraiment très content que le travail qu'on avait fait jusqu'à présent ait bien marché et c'est plutôt de bon augure. Donc c'est satisfaisant et encourageant pour la suite."

Quels sont tes prochains objectifs ?

"Les prochains objectifs c'est déjà de se préparer pour les Grands Prix. En attendant je ne ferais plus de Continental Cup. Le week-end prochain, normalement, il y a Kranj mais avec Vincent on ne sera pas présent. On va s'entraîner ici, en France. Il y aura bien sûr une équipe qui va aller à Kranj mais on ne sait pas encore qui puisqu'ils vont faire des tests cette semaine.

Mes objectifs pour les Grands Prix seront de continuer à bien sauter, je parle techniquement et en terme de niveau.

Côté résultat comptable je ne me suis pas fixé d'bobjectif mathématique. Ce que je souhaite c'est de reprendre ma progression, de voir bien sûr le niveau puis d'enchaîner un peu dans le même système et  la même homogénéité que l'hiver dernier ou j'ai terminé deux fois dans le top30.

Concrètement, ça voudrait dire que j'aimerais passer les qualifications puis si possible rentrer dans les 30. Si je n'y arrive pas, ce ne sera pas un échec. Ce sera encore plus du travail pour réussir"

Photos : Nordic Focus