Bonjour Nicolas, alors, commençons par Courchevel... Mardi c'était la toute première compétition en équipe mixte et tu y as participé. La France est arrivée 7ème et tu avais réalisé de très bonnes performances, en es-tu satisfait ?
"La compétition mixte s'est déroulée sur le K90 à Courchevel où j'ai l'habitude de sauter. Comme c'est en équipe, je devais assurer ma partie et c'est ce que j'aime bien aussi dans ce type de compétition : on peut se reposer sur les autres. Ca engendre moins de stress, enfin pour moi, donc sur le coup je savais juste ce qu'il fallait que je fasse et ça a été."
Continuons avec les compétitions mixtes et celle d'Hinterzarten. L'équipe française est arrivée 6ème, mieux que la fois d'avant. Pour toi, quel est le facteur qui vous a permis cette amélioration ?
"La compétition par équipe oblige vraiment les quatre athlètes à sortir les meilleurs sauts dont ils sont capables et de le faire ensemble : c'est son but et sa difficulté. A Courchevel, je sais que Manu (Emmanuel Chedal) était un peu passé à côté de la compétition mais à Hinterzarten il a plutôt bien assuré sa place. Je pense qu'à Hinterzarten je suis passé un peu à côté de mon premier saut mais je me rattrape avec le second. C'est peut-être ce qui nous a permis de gagner une place.
Si pour les compétitions suivantes les filles retrouvent leur niveau hivernal, et ce surtout en compétition mixte, on sera capable de faire de belles choses."
Pour en revenir à Courchevel, tu avais réalisé la meilleure distance des qualifications et tu avais terminé derrière Pascal Bodmer à la seconde place. Est-ce que cela t'a rajouté un stress en plus ?
"Du stress, non, je ne pense pas. J'étais surtout content et agréablement surpris de la qualification. La première étape pour moi était de passer la qualification sans objectif de résultat ou de performance. Il fallait juste que je prenne un peu de confiance au tremplin, de faire un bon saut avant la compétition. Tout ça m'a permis de bien me régler et de gagner cette confiance."
Tu as fini 7ème après la première manche et 6ème à la fin de la compétition, satisfait ?
"Oui, très satisfait, c'est de loin ma meilleure place. Les deux sauts que j'ai fait en compétition sont de loin les meilleurs que je suis capable de faire en ce moment. Je suis satisfait de moi techniquement, de ma performance et du résultat."
Si tu devais faire un bilan sur Courchevel, quel serait-il ?
"D'un point de vue général, je suis très satisfait. J'ai fait 10 sauts à Courchevel pour la compétition et je n'en ai pas loupé un seul ou du moins c'était vraiment de petites fautes. Il y a eu deux compétitions et j'ai su maintenir un niveau qui avoisinait le meilleur dont je suis capable en ce moment. Voilà ce que j'en retiens, j'ai su faire ça et c'est vraiment ce qui m'a permis de prendre de la confiance pendant ces trois jours de compétition."
Deux jours après Courchevel, il y avait le premier jour de compétition à Hinterzarten. Le laps de temps n'était pas trop court pour récupérer ?
"Ca a enchaîné : on a fini le mercredi, le jeudi on a pris la route pour aller à Hinterzarten et le vendredi on avait déjà les qualifications dans l'après-midi. C'est sûr que ça a été rapide mais j'avais un bon niveau de forme physique, je me sentais bien. Techniquement, je savais qu'il n’ y avait pas de problèmes étant donné que la semaine dernière nous avions fait un stage à Hinterzarten. Ca a été rapide mais en même temps ça ne me dérangeait pas du tout... Surtout pour le jour des qualifications où je n'avais aucun problème et où ça s'est bien passé."
Ca c'est certain puisque tu as gagné ces qualifications !
"J'ai encore fait un bon saut, j'étais assez satisfait de moi. J'ai gagné ces qualifications, chose qui m'a encore plus surpris qu'à Courchevel. Là-bas, je savais qu'avec les sauts que j'avais fait j'avais les moyens d'avoir une bonne place. A Hinterzarten, j'étais loin de faire la meilleure longueur mais, grâce à la compensation de vent, j'ai réussi à gagner cette qualification. Ca m'a prouvé qu'il n'y avait pas qu'à Courchevel où il m'était possible de faire de bonnes performances mais aussi sur d'autres tremplins . Avec ces performances là, j'ai aussi compris que j'étais capable de me battre contre les meilleurs."
Hier, en revanche, tu as été qualifié de peu pour la manche finale mais tu as tout de même sauvé la 20ème place. Pas trop déçu ? Des explications ?
"Oui. Premièrement la compétition mixte était très tard le soir, j'étais fatigué après cette compétition et on a tout de suite enchaîné avec la compétition individuelle. Je pense que j'étais du coup un peu plus fatigué physiquement et mentalement puisque finalement pendant 4-5 jours il a fallu être à fond mentalement aussi. Il a fallu aussi faire face à des choses dont j'ai moins l'habitude notamment la petite pression du fait de ma victoire en qualification et de ma 6ème place à Courchevel. Je pensais que certains m'attendaient aussi peut-être aux avant-poste.
Pour le premier saut, j'ai voulu en faire un tout petit peu plus qu'à l'entraînement mais ce n'est pas en en faisant plus que cela marche mieux. J'ai failli manquer la manche finale et j'étais un peu déçu de mon saut mais comme j'avais eu de mauvaises conditions, je suis remonté dans le classement. Même en ayant fait un mauvais saut techniquement, au vu du mauvais vent, j'étais encore dans les 30 premiers.
Je me battais toujours pour la finale et ça m'a un peu rassuré. Du coup, j'ai repris les choses basiques, fait ce que je savais faire et même si ce n'était pas encore ça, j'ai fait un meilleur saut et j'ai fini 20ème. Ca m'a aussi montré que si je fais de bonnes choses, ça marche toujours."
Après Courchevel et Hinterzarten, tu es 14ème au général. Comment appréhendes-tu cela ?
"Je pense que c'est bien. La semaine prochaine on part au Japon, à Hakuba, avec Vincent Descombes-Sevoie et Alexandre Mabboux et comme je suis 14ème, je serais peut-être dans les pré-qualifiés là-bas si peu de monde y va. Je suis très content d'être entré dans le top 55 au classement mondial ce qui permet à la France d'avoir un quota en plus. C'est ce dont je suis le plus content et sur lequel je me concentre."
A propos des compétitions, on a aussi vu qu'il y avait beaucoup moins de disqualifications. As-tu des explications ?
"Je pense qu'au tout début, la FIS a vraiment été très stricte pour que chaque nation fasse attention à ses athlètes et se plient aux nouvelles règles. Mais il y a certainement moins de contrôle. Maintenant, je pense aussi que ceux qui s'étaient fait disqualifiés durant les premières compétitions font beaucoup plus attention. Contrairement au début où on ne savait pas comment appréhender ces nouvelles règles, on a aussi une idée plus claire de tout ça et on a pu se régler avec les fabricants de combinaisons pour être dans les règles."
Si tu devais faire un bilan sur ton début de Grand Prix d'été, quel serait-il ?
"Mon bilan sur le début des Grand Prix d'été est positif. J'ai quand même une petite pointe de déception à Wisla parce que je sais que j'étais en forme - autant que pour les premières Coupe Continentale - et j'aurais pu passer la qualification et marquer des points en finissant dans les 30 premiers. Pour les Grand Prix à Courchevel et à Hinterzarten, je me suis beaucoup mieux préparé au niveau technique et physique et ça a porté ses fruits."
As-tu de nouveaux objectifs ?
"Pour la suite, au niveau de mes objectifs, ça n'a pas vraiment changé, c'est-à-dire rentrer dans le top 55 mondial pendant l'été. Pour l'instant je suis 50ème mondial et il faut que je maintienne le cap pour y rester jusqu'à la fin de l'été. Pour Hakuba, je n'ai pas d'objectif précis en terme de place et de résultat : je veux surtout sauter comme je l'ai fait en Europe.
C'est un peu spécial de partir au Japon, il y a un grand décalage horaire et ce sont des tremplins qu'on connait moins bien. J'espère réussir à garder la ligne de conduite qu'on s'était fixé à l'entraînement."
Que penses-tu du niveau des Japonais qui paraissent très en forme depuis Courchevel ?
"On voit des Japonais vraiment très en forme avec de nouveaux athlètes que l'on n'avait pas vu pendant l'hiver. Les Japonais essaient de gagner en quota - comme beaucoup de nations - et pour ça, ils essaient de faire rentrer de nouveaux athlètes dans le top 55 mondial.
Par exemple, Taku Takeuchi et Daiki Ito s'entraînent au Japon et sont en forme mais on ne les envoie pas pour gagner de nouveaux quotas avec les jeunes. Ils peuvent se permettre de les envoyer et on voit qu'ils sont tous près à prendre la relève de plus anciens comme Noriaki Kasai même si son état de forme est très bon. Ils ont un bon groupe d'entraînement, une bonne dynamique et je pense que cet hiver, ils seront aussi en grande forme. "
Et que penses-tu du niveau des autres nations ?
"L'Allemagne est très en forme. Il faut noter qu'il manque encore Severin Freund qui est en période d'entraînement puisqu'il s'était blessé. (Andreas) Wank est très en forme et je trouve que (Pascal) Bodmer et Danny Queck sautent aussi très bien.
Les Autrichiens s'entraînent depuis le début de l'été pour se familiariser avec les nouvelles combinaisons et c'est peut-être d'eux dont on peut le moins juger la forme. On a vu (Gregor) Schlierenzauer sauter à Hinterzarten mais je pense qu'il n'est pas encore à son pic de forme comme il peut l'être en hiver.
Après les Norvégiens sont peut-être un peu moins forme qu'en hiver. On sait qu'en été ils ont un entraînement très dur et sont un peu moins présents. Mais pendant l'hiver ils seront là et on les attendra..."
Photo : Nordic Focus