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Des paroles fortes

Astrid Jacobsen, 35 ans, a connu la gloire très jeune en devenant championne du monde de sprint à seulement 20 ans, en 2007 à Sapporo. Huit et dix ans plus tard, elle remporte deux titres mondiaux en relais, et également un titre olympique, toujours en relais.

Entre temps, la Norvégienne s'est construit un superbe palmarès sur le circuit mondial et surtout elle a cotoyé durant de nombreuses années Marit Bjoergen, Kristin Steira, Heidi Weng,Therese Johaug, la regrettée Vibeke Skofterud et Ingvild Flugstad Oestberg.

Cette génération phénoménale a dominé le ski de fond mondial durant plus d'une décennie et aujourd'hui, toutes en retraite, sauf Oestberg, l'équipe féminine de Norvège se cherche une relève.

Au pays l'inquiétude est grande et la Fédération a même lancé un audit pour comprendre pourquoi cette nouvelle génération ne parvient pas au niveau des anciennes. C'est ici qu'Astrid Jacobsen intervient et donne un avis sans concession.

"Les fondeuses présentes en élite ne font rien en dehors de leur entrainement. Elles travaillent toujours avec beaucoup de contrôle et oublient de penser par elles mêmes, parfois elles auraient besoin d'en faire plus.

Toutes possèdent désormais des sponsors privés et n'ont pas besoin de travailler ou d'étudier à côté, trop de confort n'est pas synonyme de performance. Aujourd'hui les fondeuses sont trop gatés."

"Lorsqu'on était jeunes avec Marit Bjoergen, la fédération n'avait pas autant d'argent, et très vite, si on ne performait pas, on se retrouvait sans le sou, en dehors de l'équipe nationale. Il n'y avait pas d'équipe de recrutement ou régionale comme aujourd'hui.

Du coup, en 2022, même les seconds couteaux n'ont plus de soucier financiers, on s'occupe d'elles tout le temps, peut-être trop, et elles n'arrivent plus à franchir le pas vers le très haut niveau.

Je ne veux pas trop m'avancer car je connais pas toutes les fondeuses actuelles mais je pense qu'elles n'ont pas cette curiosité de mieux connaitre leur sport, cette envie de toujours chercher le truc pour progresser.

Notre génération était sans doute plus unie, on se tirait la bourre mutuellement et surtout on s'entrainait énormément. Tout le monde nous disait que c'était trop mais les résultats nous ont donné raison et derrière les garçons nous ont copié.

Maintenant on va laisser passer l'hiver et voir les résultats de nos fondeuses, peut-être qu'on s'est trompé sur elles." conclu Astrid Jacobsen, devenue docteur après sa carrière, qui était interrogée par TV2.