Lois après 12 ans de compétition, tu as décidé de raccrocher les skis et la carabine, quels sont tes premiers sentiments ?

« J'ai vécu un hiver difficile, ce n'était pas une décision facile à prendre, mais maintenant ça va. Je pense que la page est définitivement tournée, j'ai la tête à autre chose en ce moment. »

Te souviens tu de la première fois ou tu skiais en compétition avec une carabine ?

« En coupe de France à Bessans. Thierry Dusserre avait oublié de m'inscrire, je suis donc parti dernier. Les conditions étaient terribles, j'ai fait 12 tours de pénalités, quand j'ai passé l'arrivé il n'y avait plus personne, et tout était déjà démonté. Ca a failli s'arrêter là! »

Et ta première en coupe du monde ?

« A Oberhof, en toute intimité... »

Ensuite tu as certainement beaucoup travaillé pour arriver en coupe du monde et y rester plusieurs années. Penses tu avoir atteint le sommet de tes capacités ?

Je pense que oui mais je ne le saurai sûrement jamais, peut être que j'arrête quelques années trop tôt et que l'année prochaine allait être la bonne, mais vu la saison que je viens de passer, je devais faire un choix. L'avenir me dira si c'était le bon.

Habert

Quels sont les plus beaux souvenirs de ta carrière ?

« J'en ai beaucoup ! Je vois ces douze années comme une seule, et c'est vraiment un bon souvenir dans l'ensemble. »

Quels sont les biathlètes qui t’ont impressionné ?

« Il y en a beaucoup, Raph pour sa carrière, Julien Robert pour son niveau de tir, Simon pour sa tête, Vincent Defrasne pour sa capacité à s'entendre avec les jeunes, Martin pour son détachement, Alexis pour son explosivité, Vincent Jay pour sa manière de faire les beaux coups quand il faut, Marie Laure pour son caractère, Marie pour son fonctionnement général, et pleins d'autres encore... »

Ta carrière n’a pas toujours été facile car tu devais toujours lutter pour garder ta place en équipe nationale. Comment as-tu fait pour toujours rebondir ?

« J'aime bien réfléchir à de nouvelles manières de m'entraîner et de progresser, de casser la routine de l'entraînement. Les coups durs que j'ai connu me donnaient l'occasion de mettre en place de nouvelles tactiques, donc je ne me suis jamais vraiment senti au fond du trou. »

Financièrement on sait qu’un biathlète ne gagne pas forcément beaucoup d’argent. Là encore on aimerait savoir comment tu as pu gérer l’aspect financier durant ta carrière ?

« Si on compare le niveau de vie du 40ème mondial de chaque discipline, on se rend compte que le biathlon est loin d'être ridicule, et ce en grande partie grâce aux administrations (Douane et Armée). Je ne suis pas de ceux qui pensent que le biathlon est un sport démuni. Grâce à la Douane, ma famille, mon club mes sponsors ma ville et mon département j'ai pu faire du ski dans d'excellentes conditions et en vivre pendant 10 ans sans être le meilleur mondial, c'est une chance. De plus, je pense réellement qu'avec les installations que nous avons en France, il y a moyen de faire du haut niveau en biathlon sans avoir de gros moyens financiers. »

Quittes tu le monde du biathlon avec des regrets ?

« Non, c'était de belles années mais tout sportif de haut niveau sait que ce mode de vie ne durera pas indéfiniment. J'en ai beaucoup profité, maintenant je vais vivre d'autres choses, et ce ne sera pas forcément moins bien. »

Qui aimerais tu remercier en particulier après ta carrière ? Et pourquoi ?

"J'ai rencontré énormément des gens passionnés prêt à donner de leur temps sans compter pour le sport, ils sont tellement nombreux que c'est difficile de les citer ici."

L’an prochain tu seras aux côté de Marie au bord des pistes ? Ou tu vas couper complètement avec ce sport ? Quels sont tes projets pour le futur ?

"La fin de ma vie sportive a été un peu difficile pour moi, et je pense avoir besoin de m'éloigner un peu de la coupe du monde pour faire le point, donc je suivrai Marie et tous les autres à la télé. Mais j'aime vraiment le ski et le biathlon, et je ne veux pas quitter ce milieu, donc je resterai proche des pistes par la voie de l'entraînement, mais je ne sais pas encore dans quelle structure. Je compte aussi finir mes études dans la gestion de l'environnement pour un jour travailler dans les parcs ou les réserves."

Photos : Nordic Focus