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Portrait d’un skieur acharné que rien ne prédestinait à cette carrière

Benjamin Cavet vient de terminer 2e du classement général de la coupe du monde, quelques semaines après avoir remporté une médaille d'argent aux mondiaux d'Almaty.

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Un gamin anglais qui grandit loin des stations de ski…

Ben Cavet naît le premier jour de 1994 en Angleterre, à Maidstone (Kent), au Sud-Est du pays. Il connaît d’abord l’enfance classique d’un gamin anglais puis déménage en France à l’âge de 10 ans et demi avec sa sœur de deux ans son aînée et sa mère.

Ils viennent y rejoindre le papa, Andrew, moniteur de ski dans les Alpes depuis trois saisons. En effet, ce dernier a du mal à supporter le manque des siens l’hiver et toute la famille vient donc s’installer en France. Benjamin ne parle alors pas français et n’a jamais fait de ski de sa vie.

Le petit garçon rentre en CM2 et apprend progressivement la langue au contact de ses camarades. Surtout, il s’épanouit dans de nombreux sports, là où les gestes et les expressions lui suffisent pour communiquer avec les autres enfants, loin des difficultés rencontrées à l’école.

Benjamin fait du foot, du trampoline, et s’inscrit au ski club de Châtel. La belle histoire peut commencer.

 

Pris de passion pour les bosses, il choisit la France !

Benjamin découvre alors le ski de bosses mais ce sport est quasiment inconnu dans son pays natal, la Grande-Bretagne. Malgré un gros potentiel, Benjamin pêche encore physiquement malgré des capacités d’assimilation stupéfiantes.

Surtout, sa progression dans les catégories jeunes est freinée par sa nationalité anglaise lors des compétitions internationales. Pourtant, Benjamin Cavet prend la médaille d’argent des Mondiaux juniors de 2011 et termine 5e du parallèle de la même édition.

Il effectue également ses débuts sur le circuit coupe du monde cette année-là, à 17 ans. Très vite, le bosseur envisage de prendre la nationalité française pour pouvoir exprimer pleinement son potentiel.

Encore mineur, l’un de ses parents doit adopter la nationalité avant lui, ce qui sera fait en 2012. Benjamin Cavet effectue alors son entrée en Equipe de France pour ne plus la quitter.

Dans une interview accordée au Monde quelques jours avant les JO de 2018, il déclare : « Pour moi, c’est logique : la France m’a appris le ski de bosses. Je lui dois tout ». Ses parents aiment également à répéter qu’il se sent désormais plus français qu’anglais.

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Des succès mérités et qui arrivent progressivement

Quelques mois avant les JO de Sotchi, Ben Cavet décroche son premier podium sur le circuit coupe du monde, 3 ans après son entrée sur le circuit. Il termine en effet 3e le 21 mars 2014 lors de l’épreuve de La Plagne.

Tout un symbole que ce premier podium en France, son pays d’adoption dont il a désormais la nationalité. Il participe quelques semaines plus tard aux Mondiaux juniors de Valmalenco (Italie) après des éditions 2012 et 2013 sans médaille.

Cette fois-ci, Benjamin Cavet empoche le titre en parallèle et termine 2e du single. Il fait alors le plein de confiance en vue de l’échéance olympienne.

A Sotchi, il réalise une bonne performance en se classant 8e, à seulement 20 ans et 10 à peine après avoir découvert le ski, rappelons-le.

Mais le bosseur peine à confirmer lors de la saison 2014/2015 et n’arrive pas à remonter sur le podium. Il ne goûte aux joies d’une seconde médaille en coupe du monde qu’en décembre 2015, en terminant 2e du parallèle de Ruka (Finlande).

Avec trois autres podiums lors de cet hiver 2015/2016, Ben Cavet termine 3e du classement général des bosses. La saison 2016/2017 est par la suite sa meilleure en carrière. Il engrange 6 podiums et devient vice-champion du monde du single aux Mondiaux en Sierra Nevada le 8 mars 2017, desquels il termine également 9e du parallèle.

Ces bons résultats lui permettent de grimper à la deuxième place du général de la spécialité. Surtout, Benjamin Cavet n’est rien de moins que 5e au classement général de ski acrobatique, qui regroupe six spécialités dont les bosses.

(suite sous la vidéo)

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Toujours parmi les meilleurs dix ans après son arrivée en coupe du monde

Le bosseur se présente donc avec des ambitions légitimes aux JO de PyeongChang en 2018. Malheureusement, il y connaît sa première grande désillusion en étant éliminé dès les qualifications.

Il termine à une lointaine 25e place qui est loin de le satisfaire. Mais sa saison 2018/2019 lui redonne le sourire. Le skieur décroche enfin sa première victoire en coupe du monde le 18 janvier 2019 à Lake Placid (USA), 8 ans après ses débuts au plus haut niveau et après 13 podiums où il n’avait récolté « que » l’argent ou le bronze !

Etudiant à l’Université de Savoie, Benjamin Cavet ramène également l’or du single et le bronze en parallèle des Universiades de 2019 de Krasnoïarsk (Russie). En revanche, il rentre bredouille des Mondiaux qui se déroulent la même année dans l’Utah (USA), terminant 5e du single et 6e en parallèle.

A l’issue de la saison 2019/2020, Benjamin Cavet termine 3e du classement général de la spécialité. Il grapille encore une place lors de cette saison 2020/2021 qui vient de s’achever, en se classant 2e.

Une saison clairement réussie puisque le skieur a décroché sa deuxième victoire en carrière en coupe du monde le 12 décembre 2020 à Idre (Suède), et a bien évidement terminé vice-champion du monde à Almaty (Kazakhstan) le 8 mars dernier derrière la légende Mikaël Kingsbury.

Seule la 26e place du parallèle le lendemain ternit un peu son bilan. Il a en effet été éliminé dès son entrée en lice en 32e de finale alors qu’il visait une nouvelle fois le podium.

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Un travailleur acharné qui arrivera à Pékin avec de grosses ambitions

Benjamin Cavet, c’est donc 22 podiums en coupe du monde : 2 victoires, 10 médailles d’argent et 10 médailles de bronze. C’est également 4 podiums au général de la spécialité, un top 5 au général du ski acrobatique et 2 médailles mondiales.

Le tout pour un franco-anglais qui a découvert le monde des sports d’hiver à l’âge de 10 ans. Il ne manque qu’une médaille olympique à son palmarès, et nous pouvons compter sur lui pour aller la chercher l’an prochain aux JO de Pékin.

Son palmarès est par ailleurs loin d’être exhaustif puisque Benjamin Cavet évoque même une participation aux JO 2026 de Milan, alors qu’il sera âgé de 32 ans !

S’il a toujours été compétiteur et persévérant, dans le ski comme en dehors, Benjamin Cavet n’en est pas moins modeste et respectueux envers ses concurrents. D’un naturel très sympathique, il profite de son statut de leader de l’Equipe de France masculine non pas pour se mettre en avant mais pour conseiller ses coéquipiers.

Passionné par son sport, il admet cependant avoir parfois du mal à décrocher et à s’intéresser à autre chose : «J’y pense tous les jours et c’est normal. Il faut être obsédé par ça. Je ne conçois pas le truc autrement.» (Le Monde).

S’il s’inflige de grosses séances avec son préparateur physique Mickaël Girard-Déprolet, avec qui il travaille depuis 2012, il regarde également beaucoup de vidéos de ses runs et de ceux de ses concurrents, à la recherche du geste parfait. Un bosseur toujours en réflexion pour viser les sommets.

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