Avant de revenir sur ton actualité et ton futur, petit retour sur la saison dernière. Avec le recul comment tu juges tes performances ?  

 « Le début de saison avait été régulier (ce que je cherchais), mais je voulais plus. En revanche, j'ai fait un Tour de Ski correct même si j'ai mal fini. J'avais le potentiel de faire de plus belles étapes malgré tout (quelques erreurs tactiques). Les deux podiums sur la seconde moitié de saison ont reflété mon potentiel et faisaient parti de mes objectifs. Un podium en Coupe du Monde est toujours un grand moment. Les Mondiaux d'Oslo ont été en demi teinte : à la fois ma 6ème place sur le 15km CL a été une satisfaction qui amenait plein d'espoir, autant il y a eu des irrégularités sur les autres épreuves, certaines explicables, d'autres moins. Mais je suis satisfait de ma fin de saison même si j'ai fait des erreurs tactiques le dernier jour à Falun. Et puis j'ai enfin remporté mon premier titre de Champion de France sénior. »

 Tu as repris l’entrainement en mai sur quelles bases ?  Plus de volume que l’an dernier ? Nouvelles méthodes ? Même programme ?

 « J'étais parti sur les mêmes bases de volume que l'année dernière. Avec l'encadrement, nous souhaitions mettre en place de nouvelles choses dans l'entrainement sans pour autant tout chambouler. Patrice Paquier apporte de bonnes connaissances dans la préparation physique, notamment la musculation. Pour ce qui est du programme, on l'a juste « avancé » pour être prêt dès la Coupe du Monde à Beitostolen ; on ne veut pas faire de plan sur la comète mais cette année de « transition » nous permet d'essayer des choses. Pour faire simple : finir le dernier stage d'altitude plus tôt pour monter en Scandinavie plus tôt et avoir la « patate » plus tôt. S'aligner sur les « modèles » étrangers tout en gardant notre authenticité à la française qui à permis à l'Equipe de France de grimper dans la hiérarchie.

Mais mes « pépins » physique de cet été m'ont empêché de suivre le programme complet ; je n'est pour autant pas arrêté l'entrainement, cela m'a permis de faire plus de repos. »

ManificatAs-tu travaillé des points en particulier ? Si oui pourquoi ?

 « Je travail tous les points ; à chaque entrainement il y a quelque chose à travailler. Malgré tout, je continue mon travail sur le style classique mais j'ai relâché un peu la pression car j'ai acquis de bons automatismes. Je mets l'accent également sur l'explosivité en général et le gainage dans le but d'être plus performant sur les fins de course et les sprint. C'est la polyvalence que je recherche, une répartition plus homogène de mes performances dans les différents formats de course ; sans perdre dans mes points forts. »

 Depuis le début de ta préparation, tout s’est déroulé comme tu le souhaitais ? Pas de soucis de santé ? Musculaire ?

 « Tout se passais super bien jusqu'en juillet. Puis comme je l'ai dis précédemment, j'ai enchainé pas mal de soucis : contracture au dos fin juillet, gastro, fracture d'une côte, découverte d'une fracture de fatigue et problème tendineux derrière le genou gauche... rien que ça ! Au début, j'essayais de contourner les problèmes, sans ralentir mais quand cela s'est enchainé, je me suis posé beaucoup de questions, période de doute ; alors j'ai compris qu'il fallait les accepter et en profiter pour se reposer et repartir sur de bonnes bases. C'est un mal pour un bien ; une expérience en plus. Au début j'étais dans le doute mais j'ai vite relativisé pour me calmer et je le prends bien ; je n'est pas l'habitude de me laisser abattre. »

 Peux -tu nous parler de ton matériel (ski, chaussures) ? Pourquoi avoir choisi cette marque de ski et pas une autre ?

 « Je suis fidèle à mes partenaires matériels (Fischer, Swix, Uvex) car je suis performant avec et je me sens bien avec. C'est presque depuis mes débuts que j'utilise mon matériel actuel (sauf les chaussures où je suis passer sur Fischer pour les avantages que cela amenait d'avoir le même équipementier ski-chaussures puis pour le passage sur le système de fixation NNN de Rottefella qui procure une grande stabilité). En effet, une fois que l'on est habitué à une marque, le corps s'habitue à des sensations ; je recherche une stabilité dans son équipement pour n'avoir qu'à se concentrer sur mes sensations physiques propres ; car quand il faut travailler la technique notamment, il faut éviter d'être perturbé par des changements de matériel. L'adaptation peut être très longue.  C'est un peu une symbiose athlète/matériel.

 Un type de matériel joue une part plus ou moins importante dans la performance et le ski est l'outil le plus important en ski de fond comme tous les sports de neige. Je suis sur les skis Fischer depuis mes débuts, mon corps est adapté à cette marque qui a ses constructions propres et je pense savoir comment l'utiliser le mieux possible, même si ce n'est pas tout le temps le cas ; tant que Fischer me fourni les skis dont j'ai besoin et envi, tout roule. » 

Vous retrouverez dans quelques jours la suite de cet interview. Maurice Manificat nous parlera évidemment de ses différents objectifs pour la saison. Vous allez voir, ils sont nombreux…

 

Photo : Nordic Focus