Maurice Manificat tient un discours de champion et n’a pas peur de dévoiler des objectifs élevés. Depuis deux saisons, il a démontré qu’il possédait toutes les qualités pour rivaliser avec Northug, Cologna ou Hellner. Cette saison il sera le leader de notre équipe de fond en compagnie de Jean-Marc Gaillard.

 Tu débutes l’hiver cette semaine en Suède, on imagine que l’impatience doit commencer à se faire sentir ?

« Les premières épreuves qui comptent, c'est-à-dire la Coupe du Monde arrive vite en effet. Quand on arrive à la fin de la préparation, on a toujours cette réflexion « Pu..., que c'est passé vite ! » mais en même temps on a hâte d'être devant le portillon de départ. Mes blessures viennent seulement de guérir (et encore pas complètement) donc j'essaye de me contrôler même si j'ai retrouvé une certaine liberté d'entrainement. Mais je dois encore travailler pour avoir le plus de capacité possible dès le début de la Coupe du Monde. Avec ces soucis, il y a un peu d'incertitude sur les délais de préparation. En revanche, j'ai repris confiance et je suis motivé. Je sens mon esprit se préparer doucement aux objectifs qui m'attendent, à devoir s'arracher quand il faudra « tout mettre », tout au long de la saison, comme je sais le faire. »

La saison s’annonce « spéciale », sans mondiaux, sans JO, sans épreuves en France alors c’est tout pour le Tour de Ski ? D’autres objectifs ?

« C'est une saison de « transition » mais cela reste une saison importante. Gravir le podium du classement général de la Coupe du Monde est mon objectif principal et cela passe par un très bon Tour de Ski et des podiums et victoires sur les différentes étapes de la Coupe du Monde.  Je n'aime pas donner d'objectif comme cela, mais une chose est sûr ce n'est pas pour faire de la figuration que je cours. Même sans étape en France, cela n'empêchera pas de donner de la fierté au public français en leur offrant de belles courses derrière le petit écran (quoique les télés sont plus grandes de nos jours !) ou sur place. La première moitié de saison sera décisive car dense. En outre cette saison est l'occasion de tester une préparation différente. »

 La FIS a tout de même prévu un superbe calendrier avec des coupes du monde quasi toutes les semaines, certaines étapes t’attirent plus que d’autres ? Si oui lesquelles et pourquoi ?

« La première période est très intéressante avec un 15km SK individuel et un relais à Beitostolen ?, un mini-tour à Kuusamo et un 30km SK individuel à Davos, que des formats que j'apprécie. Mes progrès en classique me permettent d'espérer de belles choses à Rogla sur le 15km CL mass start. Puis le Tour de Ski, l'épreuve majeur, comportant une étape en plus (un 5km CL) revêt une plus grande importance cette année, viser les étapes de distance et se battre jusqu'au dernier jour pour aller chercher un podium final même si j'en était loin les deux années précédentes. Après le TDS, la saison est axée sprint, malgré tout je coche les Skiathlon (anciennement « double poursuite ») qui me réussissent plutôt bien (3 de mes 5 podiums individuels) ; à Rybinsk et bien sûr Lathi. Il n'y a pas beaucoup de relais (2 dans toute la saison) mais cela permettra de construire doucement un nouveau relais français compétitif. La Finale de la Coupe du Monde en Suède est également dans un coin de ma tête.

Je suis également curieux de découvrir le nouveau World Uphill Trophy en Pologne et le 50km d'Oslo en version « style classique ».

Vous allez me dire que « c'est toute la saison qui t'intéresse... »  Eh bien oui ! Quand on aime on ne compte pas ! »

 Photo : Nordic Focus