Sandrine Bailly avait depuis longtemps pris la décision de stopper sa carrière. Dès le printemps 2009, elle savait que 2010 serait sa dernière saison. La perspective des JO l'a incité à prolonger encore un an.
Quelques mois plus tard, elle est récompensé avec la médaille d'argent du relais qui vient couronner une carrière exemplaire. Ensuite elle peut terminer sa saison apaisée et satisfaite.
Alexandre Martin, du site www.interviewsport.fr a retrouvé Sandrine Bailly il y a quelques jours à Püttlingen lors du City-Biathlon. Sandrine disputait l'ultime course de sa carrière, une sorte de cérémonie d'adieu au public allemand qui l'a toujours considéré comme une star.
Nous publions ci-dessous un extrait de ce long et passionnant entretien :
Sandrine, ta médaille d’argent en relais lors des Jeux Olympiques de Vancouver a-t-elle une valeur particulière pour toi par rapport à celle de bronze glanée quatre ans plus tôt ?
« Ce sont un peu deux scénarios identiques. A Turin, le relais était l’avant-dernière course. J’avais été très déçue avant et j’avais vraiment les crocs. Je la voulais, cette médaille ! En plus, on débute très mal la compétition, les filles ramènent ensuite le relais et moi, à la fin, je termine bien. Et en fait, finalement, c’est un peu le même scénario à Vancouver. Je ne sais pas comment vous l’avez vécu de l’extérieur, mais à Vancouver, cela a presque été un relais plus joli à regarder. En tout cas, je pense que c’est un scénario qui ressemble ! »
Au cours de ta carrière, tu as connu beaucoup de succès mais aussi des périodes plus difficiles au niveau des résultats. En tant que sportive de haut niveau, t’es-tu sentie un peu délaissée à ce moment-là, notamment par les médias ?
« Non, au contraire ! Par exemple, j’ai eu une année vraiment noire en 2009. Je n’ai vraiment pas récupéré, j’étais fatiguée, je n’avançais pas, je pense que j’étais malade… Enfin bref, il y avait pas mal de choses qui n’allaient pas ! J’avais du mal à m’en remettre et j’ai donc dû faire des breaks. Et au contraire, à ce moment-là, tous les journalistes m’appelaient parce qu’ils se demandaient ce que j’avais. Moi, je disais : "mais laissez moi tranquille !", je ne savais plus quoi répondre à la fin parce que c’est dur d’expliquer ! Quand tu dis : "non, je rentre à la maison parce que là, je sens que je ne suis pas encore prête", eux se demandent : "mais elle abandonne, elle fait quoi ?". Je pensais : "mais non, mais c’est dur d’expliquer !".
Donc non, je ne me suis pas du tout sentie délaissée. En fait, tu te sens presque plus délaissée par les gens proches. Quand tu es leader de ton groupe, tu as les entraîneurs et tout le monde qui font évidemment attention à toi parce que tu as des résultats. Et après, en gros, tu passes d’un statut où ils font attention à toi à un statut où tu n’es pas bien, donc c’est quelqu’un d’autre qui prend la place. Ca, c’est presque plus dur parce que tu te dis qu’en fait, tu n’es pas grand chose mis à part ton côté résultats et il ne faut pas s’attendre à autre chose. Tant mieux que je m’en suis rendue compte, mais c’est vrai que des fois je me disais : "mince, ils passent vite de l’un à l’autre".
Voilà, c’est plus parfois certaines personnes qui m’ont déçue à ce moment-là car j’ai trouvé qu’elles m’avaient lâchée et qu’elles étaient allées vers d’autres personnes. Ce qui est normal, finalement, parce que le staff a besoin de résultats donc évidemment, on va moins faire attention à quelqu’un qui en a moins. C’est un peu la dure loi du sport et de la vie en général ! »
Pour finir, quels sont tes projets de reconversion ? Souhaites-tu rester dans le monde du biathlon ?
« Au début, je me disais que non, je ne travaillerais plus dans le monde du biathlon après. Mais finalement, quand on a fait ça, on a envie de redonner un peu et de profiter de ce qu’on a appris. Je vais le faire au sein des entreprises, par des séminaires. Beaucoup d’athlètes se sont tournés vers les séminaires après leur carrière, comme Edgar Grospiron et Florence Masnada, et je pense que c’est une bonne reconversion dans un premier temps. Les entreprises aiment ça et il y a beaucoup de points que se ressemblent !
Je suis en train de faire une bonne préparation et une bonne présentation pour que ça captive les gens et qu’ils soient contents à la fin. C’est intéressant pour moi aussi de partager un peu avec eux, sachant que ça me fait aussi changer un peu de milieu car je vais rencontrer des gens des entreprises. Ca me va bien, ça change un peu ! »
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Photos : copyright Nordic Focus