Les plus beaux paysages de nos montagnes sont de plus en plus souvent modifiés , on crée des lacs artificiels pour fournir de l'eau aux canons à neige , de quoi faire bondir les défenseurs de la nature .

Le quotidien suisse Le Matin a publié la semaine dernière un article qui reflète bien la tendance actuelle , malgré des sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO , on n'hésite pas à boulerverser le paysage et cela en Suisse comme dans l'exemple décrit ci-dessous mais aussi en France , en Autriche , en Allemagne ou en Italie , sans oublier les pays scandinaves qui investissent des sommes considérables afin d'assurer un enneigement artificiel sur de nombreuses pistes de ski de fond .

Le lac dont parle l'article ci-dessous a été creusé à la Petite Scheidegg , à 2061m d'altitude , il servira a doubler la surface du domaine skiable de la région qui comprend les stations de Grindelwald et de Wengen , bien connue pour sa célèbre descente du Lauberhorn .

"Un lac artificiel au pied du trio de montagnes mythiques Eiger-Mönch-Jungfrau: voilà l'aménagement réalisé dans l'Oberland bernois pour alimenter les canons à neige. «L'impact est énorme pour la nature», constate Pro Natura, par la voix de Marcus Ulber. Cette atteinte au paysage a été consentie malgré l'inscription des trois sommets au Patrimoine mondial de l'UNESCO. «Ce qui rend cette image choquante, c'est qu'elle montre comment la civilisation se plante devant le symbole d'une nature vierge», commente Martine Rebetez, professeur de climatologie à Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage.

Le lac creusé à la Petite-Scheidegg servira à doubler la surface du domaine skiable. Une réalisation à 10 millions qui illustre une tendance nationale: toutes les stations dignes de ce nom s'équipent de canons à neige. Mais les Remontées mécaniques suisses ne voient pas où est le mal. «Un lac en cours d'aménagement est forcément laid, mais, avec le retour de la végétation, ces bassins sont appréciés en été», assure la porte-parole de l'association, Renate Schoch, en citant en exemple le lac du Coeur d'Engelberg-Brunni (OW).

Un tiers de neige artificielle
Martine Rebetez acquiesce: «Le ski a de toute façon déjà changé le relief et la végétation. Les lacs ne font que s'ajouter aux pylônes...» Les canons à neige et leur réserve d'eau désolent pourtant les défenseurs de la nature depuis longtemps: le premier enneigement artificiel date de 1967, à Engelberg.

Les remontées mécaniques investissent désormais un quart de leur budget dans les canons à neige. «Moins pour agrandir les domaines que pour améliorer la qualité des pistes», indique Renate Schoch. Résultat: sur un tiers des pistes, la neige ne tombe pas du ciel. Dans leur dernier rapport, les Remontées mécaniques minimisent l'impact de cette évolution en relevant que «la surface des pistes ne couvre que 0,5% du territoire suisse».

Les 18 millions de mètres cubes d'eau transformés en neige l'hiver dernier ont énervé Pro Natura, même si cette eau retourne en rivière au printemps. Car c'est surtout l'énergie consommée par les canons à neige qui posera problème aussi longtemps que les stations ne produiront pas de l'énergie solaire en contrepartie. Avec le réchauffement climatique, la limite de la neige devrait grimper de 100 mètres tous les douze ans. Un phénomène qui menace les téléskis villageois et qui favorise dans les stations ce que Martine Rebetez appelle «la fuite en avant avec la neige».